Être parent d’un adolescent TDA/H peut être un défi même pour les parents les plus expérimentés. Cela signifie que votre maison a une atmosphère différente de celle des autres. On y trouve un sentiment perpétuel de tension comme si disputes et éclats émotionnels pouvaient survenir à chaque instant.
Le comportement lié au TDA/H chez les adolescents suscite constamment des problèmes : entrées impétueuses dans les chambres, demandes incessantes, rivalité perpétuelle entre les membres de la famille, problèmes scolaires, manque d'organisation, manque de suivi, oublis, égoïsme et pour les adolescents hyperactifs, bruit constant…
Quand l'adolescent TDA/H a peu d'amis, il est plus souvent à la maison, et rend donc tous ces problèmes plus fréquents encore.
Ceci explique en grande partie l'ambiance explosive qui existe dans votre maison.
Le jeune atteint de TDA/H constitue pour sa famille non seulement une inquiétude, mais une tâche de tous les instants qui vide ses proches de leur énergie.
L’adolescent TDA/H est pourtant un être à manier avec précaution.
Avec toutes les particularités individuelles du TDA/H, l'adolescence amène en effet de nouveaux challenges.
Le jeune, en plus de son trouble doit relever les défis habituels de l'adolescence comme devenir autonome par rapport à ses parents, la pression de ses pairs, l'exposition aux drogues, la sexualité etc.
Au secondaire, on exige qu’il soit plus autonome et réponde à des demandes multiples. Le volume de travail augmente et l’élève a des difficultés à suivre. Il gère mal les délais, l’exécution des devoirs complexes et les situations sociales nouvelles. La diminution des réussites augmente sa frustration.
Les apprentissages deviennent plus abstraits et spécifiques et demandent une motivation constante, un désir d'avancer sans ambivalence. À l'adolescence, l'impulsivité ne reçoit plus l'impunité de l'enfance et se paie cher, dans le groupe des pairs, la famille ou l'institution scolaire.
Le manque d'initiatives et de constance paraît doublement volontaire, chez cet être immature mais énergique.
Les projets d'indépendance se bousculent, sans pouvoir s'appuyer sur une réelle capacité d'organisation. Sur le plan familial, il y a une intensification des conflits, car stress et frustration sont chroniques autant du côté du jeune que de celui des parents. Socialement, il y a une détérioration graduelle des interactions avec les pairs et les adultes. Le jeune a du mal à comprendre pourquoi il est critiqué ou rejeté et à percevoir les intentions des autres. Cela le conduit parfois à avoir des maladresses sociales, comme une familiarité inadaptée, ou à ne pas respecter les règles sociales implicites. Si l'ado a souffert de rejet pendant son enfance à cause de son TDA/H il devient souvent un adolescent timide qui a du mal à s’exprimer en société. Il se replie et a du mal à adapter son comportement aux autres. Il est assez angoissé.
Devant le rejet (perçu ou réel), l’enfant n’a souvent d’autres choix que de se rapprocher de ceux qui, pour des raisons diverses, présentent des troubles oppositionnels ou de conduite.
Il éprouve des difficultés à se faire des amis, parce qu'il manque d'habileté sociale. Alors il se tient avec des plus jeunes, ou avec des gens qui comme lui ont des problèmes.
Si le jeune fait partie d’un milieu familial défavorisé et instable où les parents présentent une certaine forme de violence à des niveaux divers de sévérité, il échappera difficilement à ces modèles, puisqu’il n’est pas « équipé » sur le plan cognitif pour y résister.
C'est le temps où les échecs cumulatifs arrivent à un point de non retour, davantage encore si le milieu immédiat n'a pas pris soin d'élaborer une psychologie de soutien.
L'estime de soi, fragilisée, conduit vers le négativisme, une augmentation des attitudes défensives, la dépression ou la contestation gratuite, très pénible à contenir.
L'adolescent atteint de TDA/H critique parents, professeurs, société sans reconnaître qu'il est aussi, parfois, la cause de ses souffrances car incapable de vivre les contraintes du milieu d'apprentissage, s'éparpillant dans ses intérêts, ne vivant que l'instant du plaisir immédiat, sans jamais prévoir le pire, dans ses expériences improvisées et palpitantes.
Le TDA/H est un problème dominant qui persiste à l’adolescence et à l’âge adulte. Ceci a été prouvé par les recherches de Biederman. Seulement 10% des enfants et adolescents atteints de TDA/H fonctionneront normalement à l’âge adulte.
Parmi les 90% restants, 60% évoluent et fonctionnent mieux que pendant leur enfance (les problèmes qui persistent concernent surtout la concentration, la susceptibilité, la distractibilité et l’angoisse). C’est en général le cas des personnes qui ont été accompagnées et traitées durant une longue période et qui ont trouvé dans leur entourage direct le soutien nécessaire.
Les 30% restants gardent des symptômes majeurs. Leur niveau d’instruction est inférieur à la norme, ils trouvent ou conservent difficilement du travail ou encore changent fréquemment de partenaires… Certains présentent des comportements délinquants et/ou souffrent d’assuétudes. Il s’agit la plupart du temps de personnes dont le TDA/H n’a pas été découvert pendant l’enfance et qui n’ont donc pu recevoir aucun traitement adapté.
Ces problèmes ont une répercussion sur la vie familiale (difficultés d’éducation et problèmes relationnels), scolaire et professionnelle (rendement inférieur, renvoi de l’école, perte d’emploi) mais ont aussi de nombreux effets négatifs sur la vie en société.
Plusieurs recherches longitudinales démontrent que la période de l’adolescence est particulièrement difficile pour les élèves ayant un TDA/H. Nous sommes souvent face à des adolescents immatures, mais qui essaient de fonctionner de façon indépendante.
Ces adolescents souffrent d’une détérioration de leur situation à l’école, avec leurs pairs et à l’intérieur de leur famille. Lorsque ces trois sphères sont atteintes, et spécifiquement en l’absence de diagnostic, il en résulte une sérieuse désorganisation et une atteinte du fonctionnement.
Le TDA/H est une affection évolutive, persistante et complexe qui a des répercussions sur le fonctionnement social et les performances scolaires et professionnelles, de l'enfance à l'âge adulte.
Si le TDA/H n'est pas traité, de multiples conséquences peuvent survenir.
Pour la famille : découragement, problèmes relationnels, tensions dans le couple ou avec la fratrie, sentiment pour les frères et soeurs d'avoir moins d'importance que l'enfant atteint, perturbations de la vie familiale, rejet et isolement social, problèmes financiers, augmentation du degré d'inquiétude tant pour les situations vécues au présent que pour l'avenir scolaire, professionnel et social de l'enfant atteint, stress, anxiété, sentiment d'incompétence des parents, etc.
Pour l’enfant : difficultés scolaires (résultats inférieurs aux compétences, remarques, temps excessif passé à faire les devoirs, etc.), relations difficiles (avec les amis, les parents, la fratrie, l'enseignant), rejet et isolement social, prédisposition élevée aux blessures accidentelles, sommeil perturbé, découragement, perte de motivation, dépression, troubles anxieux, faible estime de soi, etc. Pour l’adolescent : difficultés scolaires (mauvais résultats, retenues, renvois, phobie scolaire, décrochage, moins de chance de faire des études supérieures, etc.), relations sociales difficiles (difficultés pour établir ou maintenir des relations sociales, à être accepté dans un groupe d'amis, etc.), recherche de comportements à risques, comportements déviants ou dangereux, opposition à l’autorité, activités sexuelles précoces, multiples partenaires, plus de risque de vivre une grossesse non désirée et de contracter une maladie sexuellement transmissible, plus de risque d’abus ou de dépendance à une substance, et ce plus jeune que ses pairs, faible estime de soi, etc.
Pour l’adulte : prise de décisions impulsives, plus de risque d’être impliqué dans un accident automobile et d’être responsable de celui-ci, mauvaise gestion financière, relations familiales, professionnelles et sociales difficiles, plus de grossesses non planifiées que chez les pairs, risque d’abus de substance et de tabagisme, risque de s'engager dans des comportements antisociaux, tendance à s'engager dans des comportements sexuels à risque, mauvais rendement et faibles accomplissements au travail, plus susceptible de perdre, de changer fréquemment ou de ne pas avoir d'emploi, faible estime de soi, taux de divorce plus élevé, risque de dépressions, etc.