La ruralité se meurt et une certaine idée de la France avec elle. Nos campagnes se vident au profit de banlieues pas toujours accueillantes. Et nos routes n'ont plus vraiment le droit de lézarder entre les platanes. Virage après virage, la France, comme ses petites départementales, doute. On sait ce que l'on perd. Et l'on entrevoit déjà le prix de ce qui vient, sans même savoir si cela nous intéresse vraiment. Aux arbres centenaires qui ombrageaient nos routes, à ces fermes incroyables au détour d'un virage, à ces gens courageux qui façonnaient nos paysages, à leurs enfants partis, à leur métier sans avenir, à leurs mains sans travail, à l'oubli terrible, à la mort qui rôde... que pouvons-nous opposer ? Alors que le marketing agroalimentaire nous invente des produits "comme avant", que les plats industriels sont vendus en "recettes traditionnelles", il ne reste plus qu'un seul producteur "fermier" de Camenbert ; plus que 7 producteurs de Salers tradition ; moins de 5 éleveurs d'agneaux de prés salés du Mont St-Michel, etc. Chaque jour, nous perdons un boucher, un charcutier, un boulanger et le paysan qui va avec. Certes, le supermarché est moins cher. Normal me direz-vous puisque ce sont ces géants de l'agroalimentaire mondialisée qui fixent les prix et qui assassinent sans vergogne tout ce qui ne rentre pas dans les étals formatés. Alors, avant que le point de non retour ne soit dépassé, il est urgent d'agir et de sauver ce qui peut l'être. Comprendre ce qui nous arrive passe sans doute par un retour sur notre passé commun. Depuis 20 ans, nos hommes politiques se sont formatés pour intégrer la France dans le grand bain de la globalisation. Ils ont perdu en chemin le relais de notre Histoire et le sens du terroir. Ils nous laissent orphelins d'une partie de nous mêmes et nous allons finir par leur ressembler... Alors, pour ressentir ce que nous avons perdu, voici une lettre écrite il y a maintenant 45 ans par le président de la république d'alors, M. Georges Pompidou. L'homme s'adressait à son premier ministre (Jacques Chaban-Delmas). Il lui demandait, en plein mois de juillet 1970, de préserver les platanes des bords des routes. Que ces mots, ce style, cette prose nous ouvrent les yeux et nous dessillent le coeur. Mon cher Premier Ministre, J'ai eu, par le plus grand des hasards, communication d'une circulaire du Ministre de l'Equipement -Direction des routes et de la circulation routière- dont je vous fais parvenir photocopie. Cette circulaire, présentée comme un projet, a en fait déjà été communiquée à de nombreux fonctionnaires chargés de son application, puisque c'est par l'un d'eux que j'en ai appris l'existence. Elle appelle de ma part deux réflexions : - La première, c'est qu'alors que le Conseil des Ministres est parfois saisi de questions mineures telles que l'augmentation d'une indemnité versée à quelques fonctionnaires, des décisions importantes sont prises par les services centraux d'un ministère en dehors de tout contrôle gouvernemental ; - la seconde, c'est que, bien que j'ai plusieurs fois exprimé en Conseil des Ministres ma volonté de sauvegarder "partout" les arbres, cette circulaire témoigne de la plus profonde indifférence à l'égard des souhaits du Président de la République. Il en ressort, en effet, que l'abattage des arbres le long des routes deviendra systématique sous prétexte de sécurité. Il est à noter par contre que l'on n'envisage qu'avec beaucoup de prudence et à titre de simple étude, le déplacement des poteaux électriques ou télégraphiques. C'est que là, il y a des administrations pour se défendre. Les arbres, eux, n'ont, semble-t-il, d'autres défenseurs que moi-même et il apparaît que cela ne compte pas. La France n'est pas faite uniquement pour permettre aux Français de circuler en voiture, et, quelle que soit l'importance des problèmes de sécurité routière, cela ne doit pas aboutir à défigurer son paysage. D'ailleurs, une diminution durable des accidents de la circulation ne pourra résulter que de l'éducation des conducteurs, de l'instauration des règles simples et adaptées à la configuration de la route, alors que complication est recherchée comme à plaisir dans la signalisation sous toutes ses formes. Elle résultera également des règles moins lâches en matière d'alcoolémie, et je regrette à cet égard que le gouvernement se soit écarté de la position initialement retenue. La sauvegarde des arbres plantés au bord des routes -et je pense en particulier aux magnifiques routes du Midi bordées de platanes- est essentielle pour la beauté de notre pays, pour la protection de la nature, pour la sauvegarde d'un milieu humain. Je vous demande donc de faire rapporter la circulaire des Ponts et Chaussées et de donner des instructions précises au Ministre de l'Equipement pour que, sous divers prétextes (vieillissement des arbres, demandes de municipalités circonvenues et fermées à tout souci d'esthétique, problèmes financiers que posent l'entretien des arbres et l'abattage des branches mortes), on ne poursuive pas dans la pratique ce qui n'aurait été abandonné que dans le principe et pour me donner satisfaction d'apparence. La vie moderne dans son cadre de béton, de bitume et de néon créera de plus en plus chez tous un besoin d'évasion, de nature et de beauté. L'autoroute sera utilisée pour les transports qui n'ont d'autre objet que la rapidité. La route, elle, doit redevenir pour l'automobiliste de la fin du vingtième siècle ce qu'était le chemin pour le piéton ou le cavalier. Un itinéraire que l'on emprunte sans se hâter, en en profitant pour voir la France. Que l'on se garde donc de détruire systématiquement ce qui en fait la beauté ! Georges Pompidou
Georges Pompidou
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