Il y a, dans chaque situation, un léger côté comique. Il est parfois plus appuyé, parfois moins, mais reconnaissons qu'il existe. Le président de la République, qui cherche désespérément son côté gauche, a lancé au mois de juin 2014 une grande initiative avec un beau mot d'ordre : La France s'engage ! Objectif : révéler et encourager les projets innovants d'utilité sociale. La France s'engage, c'est permettre à tout un chacun, de se mettre au service des autres, de donner de son temps, de son énergie et de son intelligence pour faire progresser notre société. Je ne sais pas pour vous, mais cela me dit vaguement quelque chose... Voyons, se mettre au service des autres... donner de son temps.... cela ne vous rappelle rien ? Alors que toute la société bascule dans l'argent roi, le tout marchand à tous les étages, une étrange petite structure à deux sous résiste vaille que vaille... En fait, notre président, tel Christophe Colomb, a découvert l'association. Terre visiblement vierge pour cet énarque explorateur, fier capitaine dans une France qui s'engage. Cet homme a pourtant la mémoire qui flanche... Alors que jamais les subventions n'ont été à ce point réduites, alors que la fameuse (fumeuse ??) loi ESS attend en vain les 39 amendements qui lui donneront une existence légale (1), alors que le dernier remaniement ministériel a vu le terme "vie associative" disparaître de l'intitulé du ministère de la jeunesse et des sports (2), alors que les associations risquent de perdre 200 000 emplois d'ici à 2017 (3), notre président célèbre la France qui s'engage. Cet homme a incontestablement de la ressource. De la ressource et des ressources car le président met 50 millions d'euros sur la table tout de même. Bon d'accord, 40 millions qui proviennent de l'Etat et 10 millions de la fondation Total. C'est sympa que cette société, qui ne paie pas d'impôts en France, permette à sa fondation de nous faire l'obole de 10 millions. Elle n'était pas "obligée", dans tout le sens du mot. 50 millions d'euros donc qui pourront être mobilisés jusqu'en 2017 (le choix de cette date est sans aucun doute dû au plus grand des hasards...). La France s'engage donc, mais à quoi ? La France s'engage à subventionner des projets très innovants et jamais vus comme la Cravate Solidaire qui collecte tout accessoire constituant un habillement professionnel, Monalisa qui lutte contre l'isolement des personnes âgées, Simplon.co qui propose une formation intensive et gratuite au développement web, j'en passe et des meilleures... Que je sache, les associations depuis des années sont, dans tous les secteurs d'activités, les têtes de pont qui aident, innovent, proposent. Elles ne demandent pas l'aumône, juste que l'Etat reconnaisse leur rôle de service public (il fait une très bonne affaire avec les bénévoles qui font son travail...) et respecte ses propres engagements (la charte d'engagements réciproques Etat-collectivités-associations (4)). Nous sommes loin du compte. Et quand notre président se fait mousser avec une France qui s'engage alors que l'Etat lui se désengage, la moutarde monte au nez... Lors du lancement de cette opération, le président a prononcé 47 fois le mot solidarité et 63 fois le mot solidaire. Cette solidarité qui dégouline de bons sentiments devient insupportable. Cette nouvelle morale qui se distille insidieusement sur tous les écrans sent la naphtaline du temps où les dames patronnesses oeuvraient avec leurs pauvres bien à elles. Il y a même des spécialistes de la générosité aujourd'hui. Connaissez-vous Antoine Vaccaro "Chief Executive Officer at Faircom International" qui déclarait il y a peu au Parisien que "la pratique du don permet de vivre plus longtemps". Pour rester en forme, on a le choix aujourd'hui entre faire un don ou son jogging. Il y a pourtant une question qui fâche : derrière ces appels à la générosité publique pour venir en aide aux plus pauvres de nos concitoyens, il y a la responsabilité des politiques menées depuis des années. Comment nier que le boum de la misère ne puise pas ses origines dans les choix économiques qui sont faits depuis 30 ans ? Qui s'offusque du fait que le nombre de pauvres explose en même temps que le patrimoine des plus riches ? Pas le trio Hollande, Valls, Macron en tout cas. Il est alors facile à la société Total (via sa fondation) de faire l'aumône de 10 millions à un pays qui lui rapporte tant alors qu'elle ne rend rien. La France s'engage... à quoi ? En savoir plus (1) Les 39 marches de l'Economie Sociale et Solidaire - Lettrasso du 14-10-2014 (2) ESS Vie Associative Education Populaire les grandes oubliées du remaniement - Lettrasso du 03-04-2014 (3) Les associations risquent de perdre 200 000 emplois d'ici 2017 - Lettrasso du 07-10-2014 (4) La charte d'engagements réciproques Etat-collectivités-associations : de la poudre aux yeux - Lettrasso du 25-02-2014 Appel à projet permanent : La France s'engage
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