De très nombreuses associations nous ont demandé de prendre position sur le mariage pour tous. Nous avons jusqu'à présent refusé pour des raisons de principe. La sphère privée ne nous concerne pas. Et puis soyons juste, il n'y a pas de position à adopter face à ce mariage pour tous. C'est pour nous simplement une évidence. Si les couples homosexuels souhaitent se marier pour légitimer leur union et assurer une filiation aux enfants adoptés, nous n'y voyons aucun problème. La loi doit être la même pour tous. Un homosexuel paie autant d'impôts qu'un hétérosexuel, il n'y a donc pas à faire de différence sur le reste. En revanche, ce qui nous gêne, c'est l'utilisation qui est faite par la gauche de ce problème sociétal. Le gouvernement avait la possibilité de faire passer cette loi dès l'été. Les textes étaient prêts et les Français avaient donné une majorité évidente à ce nouveau président. La proposition "ouvrir le droit au mariage et à l'adoption aux couples homosexuels" avait été clairement présentée par le candidat et n'avait soulevé aucune protestation. Mais le nouveau pouvoir a choisi de repousser le vote de la loi à la fin janvier 2013 en parfaite connaissance de cause. Ce sont les 6 premiers mois d'un pouvoir qui compte. Les socialistes savaient ne pas pouvoir (vouloir ?) mettre en pratique les promesses économiques et sociales du candidat. Garder en réserve la loi du mariage pour tous afin de se racheter une "conduite de gauche" auprès des ses électeurs est un calcul qui laisse beaucoup à désirer sur les véritables intentions de ce nouveau pouvoir... Car lorsque la gauche n'est plus la gauche, c'est à dire lorsqu'elle a renoncé à toutes les valeurs qui font sa différence avec la droite, la gauche nous fait du sociétal. Le mariage pour tous est la seule façon que la gauche ait trouvé pour se différencier de la droite. Un bon sujet bien clivant histoire de montrer que les deux approches sont radicalement différentes. Or, le PS aujourd'hui au pouvoir mène la même politique économique et sociale que l'UMP sous Sarkozy. Pour trouver des différences, il faut chercher beaucoup et se contenter de peu. Le mariage pour tous est un cache sexe bien pratique pour un gouvernement qui souhaite faire oublier ses renoncements, et encore à la condition de croire que ce dernier ait été obligé de renoncer. On peut aussi très bien imaginer qu'il n'a jamais eu l'intention de tenir la moindre de ses promesses aussi petites fussent-elles. Ce ne serait pas la première fois... Alors ne nous laissons pas berner par un mariage pour tous qui sous prétexte de clivage n'est rien d'autre que de la poudre aux yeux... Car dans le même temps, que se passe-t-il en France d'important, rien ? 1. La négociation sur la sécurisation de l'emploi entre partenaires sociaux Démarrée le 4 octobre 2012, la négociation sur la sécurisation de l'emploi s'est achevée le vendredi 11 janvier sur un projet de texte qui devrait recueillir les signatures de trois syndicats minoritaires : CFDT, CFTC et CGC. Au final, un projet de texte qui propose plus de précarité et plus de liberté pour licencier contre une majoration de 3% de la cotisation d'assurance-chômage des contrats à durée déterminée. On est loin de la "grande négociation" sur l'avenir du travail en France dont les socialistes se vantaient. 2. La menace directe qui pèse sur l'existence du SMIC (voir notre article Le RSA va remplacer le SMIC). 3. L'enterrement de première classe de la fameuse "séparation en deux entités des activités des banques" qui est pourtant une promesse de campagne du candidat Hollande. Le projet de loi qui a été présenté en Conseil des Ministres le 19 décembre 2012 est risible. Alors que tous les économistes s'accordent sur le fait que la crise est l'enfant naturel et donc non reconnu des banques et de leurs jeux de hasard à nos frais, le gouvernement français, sans concertation propose une filialisation microscopique et inutile des opérations dites à risque des banques. Ce projet est donc une règle Volcker (1) ultra-légère, ne concernant qu'une fraction infime de l'activité de la banque (environ 0,5 % d'après un Directeur de BNP-Paribas). Le projet précise même que la filiale d'investissement peut être une filiale directe de la banque de dépôt, ce qui, en cas de faillite de la première, ne peut qu'imputer automatiquement les fonds propres de la seconde et entraîner sa faillite… (2). 4. La guerre au Mali qui a commencé véritablement depuis le samedi 12 janvier. Guerre visiblement mal préparée qui ne semble pas à ce jour être celle de quelques pauvres soudards à bord de Toyota avec quelques armes. L'ennemi est bien armé contrairement aux attentes des officiers français. Et la résistance s'annonce beaucoup plus difficile à gérer que prévue. 5. La baisse de la rémunération du livret A qui concerne des millions de français. En effet, le taux de rémunération du Livret A va être abaissé à 1,75% au 1er février, contre 2,25% actuellement. L'effet recherché semble être celui de pousser vers les banques et les produits financiers "particuliers", des milliers de français déçus du taux de rémunération. Or, l'épargne du livret A sert essentiellement à la construction de logements sociaux... 6. L'hiver est là, le nombre de places disponibles dans les centres d'hébergement d'urgence n'a pas bougé. Selon le 115, une demande d'hébergement sur deux ne trouve pas de solution. Les fameuses réquisitions ne se feront qu'au compte gouttes. Le choix du gouvernement de s'appuyer sur la loi du 29 juillet 1998 plutôt que sur l'ordonnance du 11 octobre 1945 est une erreur qui risque d'être fatale à de très nombreux SDF. (3) On continue ? En savoir plus (1) La règle Volcker vise à limiter les investissements spéculatifs des banques, considérés comme ayant joué un rôle central dans l'éclatement de la crise financière, et à empêcher les conflits d'intérêts pouvant toucher les banques d'investissement, conseillant à la fois leurs clients et investissant parfois sur leurs fonds propres contre l'intérêt de leurs clients. Paul Volcker, est ex-secrétaire général de la Réserve fédérale américaine. (2) Les conséquences de ce genre de filialisation sont dramatiques. L'assureur américain AIG, premier assureur mondial (110 Md$ de chiffre d'affaires en 2007, 74 millions de clients dans 130 pays, employant plus de 116 000 salariés), a coulé en 2008 à cause de sa micro-filiale de trading à Londres. Consulter l'excellent site monadversairecestlafinance.fr pour en savoir plus (3) Le Dal, citant des chiffres de l'Insee, évalue à 2,39 millions le nombre de logements et locaux vacants dans l'hexagone fin 2012.
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Le marié était trop belle De très nombreuses associations nous ont demandé de prendre position sur le mariage pour tous. Nous avons jusqu'à présent refusé pour des raisons de principe. La sphère privée ne nous concerne pas. Et puis soyons juste, ... <a href="https://www.loi1901.com/intranet/a_news/index_news.php?Id=1956" target="_blank">Lire la suite sur Loi1901.com</a>
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