Nous annoncions un plan social de 40 000 emplois dans le secteur associatif dès 2014 (1). Et c'est peu dire que les sourires condescendants ont fusé autour de nous. Nous avons été traités d'alarmistes à la petite semaine et ce, au moment même où la fameuse Loi ESS était en discussion au parlement. Depuis, les faits qui sont têtus, nous ont donné raison. Et il ne s'agit plus de plan social, mais bien de la disparition "programmée" des associations de taille intermédiaire. Et la lanceuse d'alerte se nomme Viviane Tchernonog, chercheuse au Centre d'économie de la Sorbonne et grande spécialiste du secteur. C'est dans une interview donnée à notre confrère Médiatico (2) que la "papesse" des associations s'exprime. Basée à la fois sur des extraits de la cinquième édition de l'enquête "Le paysage associatif français" publié fin 2018 au format PDF et des réflexions pertinentes de la dame, cette interview est très intéressante, même si nous ne partageons pas le constat qu'elle fait concernant ladite "disparition". Dans cette dernière parution chiffrée et très bien documentée sur le paysage associatif français, Viviane Tchernonog souhaite démontrer que le secteur associatif s'est professionnalisé, ce dont nous ne doutions pas. Mais si les associations sont beaucoup mieux structurées, leurs modèles économiques plus travaillés, leurs salariés et bénévoles mieux formés, c'est au prix d'une "dualisation du secteur" qui pose un réel problème. Jusqu'à présent, l'écosystème associatif était composé de trois strates qui pouvaient (tant bien que mal) absorber les aléas des économies budgétaires successives réalisées sur le dos de nos différentes structures. Au sommet de la pyramide se trouvent les grandes associations qui accompagnent et mettent en place les politiques publiques. Elles aspirent l'essentiel des subventions. On trouve ensuite les associations de taille intermédiaire dont le CA tourne autour de 153 000 euros. Elles ont des salariés et peu de bénévoles. Elles pratiquent une politique d'accompagnement local et sont très en prise avec les difficultés rencontrées par les acteurs locaux et les collectivités auxquelles elles doivent, aujourd'hui, l'essentiel de leur financement. Enfin, arrivent les petites associations qui sont très nombreuses avec des budgets négligeables. Leur existence s'appuie pour l'essentiel sur le travail bénévole et de "petites" subventions communales. Ce maillage associatif est unique au monde et permet à notre pays de conserver un bien précieux : le lien social. En à peine 10 années, les signes de la paupérisation des associations de taille intermédiaire sont patents. La cause : des subventions retirées en plein programme, des préfectures toutes puissantes qui décident de la vie ou de la mort d'une structure tel un empereur Romain, un FSE dont la visibilité a long terme est impossible, des DIRECCTE sans horizon et un ministère aux abonnés absents. On peut dire que ces associations là avaient leur rôle chevillé au corpus pour avoir tenu aussi longtemps. Quand Viviane Tchernonog déclare que les associations de taille intermédiaire "sont en fort affaiblissement et l'on peut craindre leur disparition si rien ne change", c'est bien. Mais, expliquer les causes de cette "Chronique d'une disparition annoncée" eut été mieux. Et, Last but not least, apporter ces explications à un certain M. Attal (3), ci-devant "Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse" a priori en charge de la Vie associative, mais qui passe la majeur partie de son temps à mettre en place le SNU (4) (budget de 1 500 000 000 d'euros), ce serait la cerise sur le gâteau. Mais Viviane Tchernonog ne le fera pas, estimant (sans doute à juste titre) que ce n'est pas son rôle. Elle se bornera donc à publier la quatrième édition de son "Le paysage associatif français - Mesures et évolutions" qui sera, gageons le, beaucoup moins épais. Et la France aura perdu une partie de ce qui a fait jusqu'à présent sa spécificité : "Les associations de taille intermédiaire". Triste constat. En savoir plus (1) Un plan social de 40 000 emplois dans le secteur associatif en 2014 (2) Viviane Tchernonog : "Les associations de taille intermédiaire pourraient disparaître en France" (3) Gabriel Attal : un Bébé Cadum au chevet des associations (4) Service National Universel : premiers pas et premiers doutes Cinquième édition de l'enquête Paysage associatif français Cette 5ème édition est issue de l'ouvrage intitulé "Le paysage associatif français - Mesures et évolutions - 3ème édition" de Viviane Tchernonog et Lionel Prouteau, Dalloz Juris Associations, mai 2019
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Les associations de taille intermédiaire pourraient disparaître en France Nous annoncions un plan social de 40 000 emplois dans le secteur associatif dès 2014 (1). Et c'est peu dire que les sourires condescendants ont fusé autour de nous. Nous avons été traités d'alarmistes à la petite <a href="https://www.loi1901.com/breves_associatives.php?moteur1=1495" target="_blank">Lire la suite sur Loi1901.com</a>
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