Les agences d'intérim souhaitent investir dans les services à la personne !

26-10-2010  LIBRE
Le secteur service à la personne est en plein essor. Il emploie deux millions de personnes, recense plus de 16 000 structures agréées et a généré 15,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2008. Avec le soutien annoncé à la création d'emploi dans le secteur des services à la personne en prenant pour objectif la création de 100 000 emplois chaque année, il y a de quoi aiguiser les appétits les plus divers...

Quel beau gâteau en perspective pour les agences d'intérim... Avec un taux de croissance de 10 % sur un an, le créneau est très porteur. Cela justifie pleinement le fait que les entreprises de travail temporaire envisagent réellement de se diversifier dans les services à la personne.

Or le cadre réglementaire régissant les services à la personne ne leur serait pas favorable : en effet, un groupe de travail temporaire n'a pas le droit de vendre des prestations de services à la personne dans son réseau d'agences. Il doit monter une autre structure pour commercialiser cette offre ce qui alourdit les coûts et pèse sur la rentabilité.

En conséquence de quoi, un député UMP(1) demande immédiatement au Gouvernement d'assouplir le cadre réglementaire régissant les services à la personne pour créer de l'emploi, notamment par le biais des agences d'intérim.

Réponse du ministère publiée au JO le : 19/10/2010
Les services à la personne constituent un des principaux secteurs d'activités dans lesquels se créent de nouvelles entreprises, du fait de la croissance de la demande et des besoins. Le secteur de l'aide à domicile a ainsi connu, ces dernières années, un accroissement important en raison, notamment, de l'entrée en vigueur de l'allocation personnalisée d'autonomie, au début de l'année 2002.

Au total, le secteur des services à la personne a employé 1,975 million de personnes physiques en 2009. Le nombre total d'heures travaillées augmente à un rythme annuel de près de 4 % depuis le plan I de développement des services à la personne, dit plan Borloo, en 2005.

L'article L. 7231-1 du code du travail définit le champ d'application des services à la personne par les activités suivantes : la garde d'enfants ; l'assistance aux personnes âgées, aux personnes handicapées ou aux autres personnes qui ont besoin d'une aide personnelle à leur domicile ou d'une aide à la mobilité dans l'environnement de proximité favorisant leur maintien à domicile ; les services à la personne à leur domicile relatifs aux tâches ménagères ou familiales.

Avant l'entrée en vigueur de la loi n° 2010-853 du 23 juillet 2010 (JO du 24 juillet 2010), l'article L. 7232-3 précisait, en outre, que l'agrément nécessaire à toute association ou entreprise qui exerce des activités de services à la personne est délivré par l'autorité administrative au regard de critères de qualité de service et à condition que le bénéficiaire de l'agrément se consacre exclusivement aux activités mentionnées à l'article L. 7231-1.

Ces exigences ont été assouplies par l'article 31 de la loi n° 2010-853 du 23 juillet 2010 destinée à mettre la législation des services à la personne en conformité avec la directive 2006/123/CE du Parlement européen et du Conseil du 12 décembre 2006 relative aux services dans le marché intérieur. Désormais, aux termes du nouvel article L. 7232-1 et de ses textes d'application, l'agrément ne sera plus exigé que pour les prestations de garde à domicile ou d'accompagnement d'enfant de moins de trois ans et pour l'assistance aux personnes âgées, handicapées ou ayant besoin d'une aide personnelle et qui peuvent mettre en cause leur sécurité.

La condition d'activité exclusive ne sera plus exigée pour l'exercice de ces prestations.

Toutefois, pour permettre à leurs clients de bénéficier des avantages fiscaux et sociaux prévus à l'article L. 7233-2, les entreprises de services à la personne devront se déclarer auprès des directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi, à condition qu'elles exercent ces activités à titre exclusif, que ces activités soient soumises à agrément ou non.

Cette déclaration sera facultative, les entreprises concernées pouvant renoncer aux avantages fiscaux et sociaux prévus à l'article L. 7233-2 si elles ne souhaitent pas exercer à titre exclusif les activités de services à la personne.

L'entreprise de travail temporaire, quant à elle, est définie comme une personne physique ou morale dont l'activité exclusive est de mettre des salariés à la disposition d'autres entreprises utilisatrices à des fins de remplacement ou pour faire face à un accroissement d'activité (art. L. 1251-2 du code du travail).

Son objet n'est donc pas de fournir des services à la personne à des particuliers et le dispositif législatif du travail temporaire n'est pas adapté à ce type de prestation.

En revanche, dans le cadre législatif du travail temporaire, elle peut mettre des salariés à disposition d'une entreprise prestataire de services à la personne, dans le cadre des motifs de recours prévus à l'article L. 1251-6, en particulier pour remplacement des salariés ou accroissement temporaire de l'activité de l'entreprise.

Si ces entreprises souhaitent intervenir dans le secteur des services à la personne auprès de particuliers, il leur est possible de créer une filiale intervenant dans le cadre de l'article L. 7232-6, comme toute autre entreprise de services à la personne, hors de la législation du travail temporaire.

Dans ce cas, elles peuvent bénéficier des exonérations de cotisations fiscales prévues à l'article L. 7233-3 du code du travail, si elles se déclarent et si elles exercent ces activités à titre exclusif.

Dans un souci de ne pas perturber l'équilibre juridique de ces deux dispositifs particuliers et afin d'empêcher toute distorsion de concurrence au détriment des entreprises de services à la personne ou des entreprises de travail temporaire, il n'est pas prévu de modifier le cadre juridique relatif aux conditions d'activité exclusive prévue de manière obligatoire pour les entreprises de travail temporaire et de manière facultative pour les entreprises de services à la personne qui souhaitent ouvrir droit aux avantages fiscaux et sociaux de l'article L. 7233-3.

En savoir plus
(1) Question posée par M. Jean-Claude Guibal (député UMP - Alpes-Maritimes) à M. le secrétaire d'État chargé de l'emploi.



Depuis 1999 au service des associations
Jurisprudence, décrets, lois, etc.

De la mission bénévole à la prestation de service

19-11-2024

La prestation de services n'a pas pour objet de transférer la propriété d'un bien matériel à la différence de la vente d'un produit. L'association ne reçoit rien et ne transmet

De l'équilibre des comptes pour une demande de subvention

19-11-2024

Les comptes d'une association doivent-ils être équilibrés pour demander une subvention ? En fait, la réponse est beaucoup plus complexe qu'il n'y parait. Légalement, rien ne

Accepter la présidence d'une association : soyez prudent

19-11-2024

Devenir président d'une association, quelle que soit sa taille, est tout à la fois un honneur et une charge. Les dispositions légales et statutaires qui encadrent les obligations

Panorama associatif numéro 113 : novembre 2024

12-11-2024

Le Panorama associatif de Loi1901 a pour objectif de vous détailler plusieurs mesures qui ne peuvent pas faire l'objet d'un article complet, à l'unité, car trop courtes. Au

Associations culturelles : le poids économique direct de la culture

12-11-2024

Le poids économique direct de la culture, c'est-à-dire la valeur ajoutée de l'ensemble des branches culturelles, s'établissait à 47,1 milliards d'euros en 2022. Plus étonnant

Fédérations sportives : du rififi dans les licences

12-11-2024

Les fédérations sportives, constituées sous la forme associative et au nombre de 122, ont pour objet l'organisation d'une ou plusieurs disciplines sportives, dont elles gèrent la

La comptabilité analytique est-elle utile aux associations ?

05-11-2024

La comptabilité analytique est utile, voire même indispensable, pour les associations dont le budget annuel dépasse les 80 000 euros. La "compta ana" est un mode de traitement des

Le bénévolat occasionnel : une source de problèmes ?

05-11-2024

Derrière ce titre volontairement provocateur se cache une réalité qui commence à poser de sérieux problèmes au sein des structures associatives. Certes, selon une étude de

Le tribunal des activités économiques concerne aussi les associations

05-11-2024

Les tribunaux des activités économiques a vu le jour par la loi 2023-1059 du 20 novembre 2023 (1). Ce texte a lancé, à titre expérimental, et pendant 4 ans, de la transformation

Gare au contrôle fiscal quand votre activité associative se rapproche trop de l'entreprise

29-10-2024

La lutte contre la fraude fiscale est un enjeu majeur pour le redressement des comptes publics. Une association peut, en vue de favoriser les échanges et les rencontres avec

Découvrir 10 autres articles
La société dans tous ses états

Comment sortir de la crise démocratique : RAEF 2024 ?

19-11-2024

Le Rapport Annuel sur l'Etat de la France 2024 du CESE (1) tente de mettre en lumière les liens entre inégalités sociales et démocratie. Même si l'on peut noter un léger recul de

Comme un plan social à bas bruit

12-11-2024

Si le gouvernement refuse les 472 amendements déposés par les oppositions pour le budget 2025 et revient au texte initial avec un passage en force par 49.3, le secteur de

Contre la pauvreté, agir coûte moins cher que de ne rien faire

05-11-2024

La pauvreté coûte un "pognon de dingue" disait le 12 juin 2018, le président Macron à ses conseillers et rapidement "fuité" sur @X, histoire de faire le buzz et de préparer les

De la subvention à la commande publique : fragiles associations

29-10-2024

Les modèles socio-économiques des associations ont fait, par le passé, l'objet de débats importants. Mais aujourd'hui, elles semblent n'avoir que peu de place dans la Startup

Les faibles inégalités salariales au sein du secteur associatif

22-10-2024

Selon le baromètre des salaires de l'ESS, dans son édition 2024, le secteur associatif est marqué par de faibles inégalités salariales. Ce qui est plutôt remarquable. En revanche,

Le Service national universel ciblé par la Cour des comptes

15-10-2024

Le SNU, qui émarge au budget "jeunesse et vie associative", est expérimenté depuis 2019 pour une généralisation à tous les jeunes de 15 à 17 ans d'ici 2026. Mais la Cour des

Les dérives sectaires ne se reposent jamais

08-10-2024

Il n'y a pas de définition légale de la dérive sectaire. Mais la MIVILUDES (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) a élaboré une

L'association Anticor retrouve enfin son agrément

01-10-2024

Après plus d'un an de lutte devant la justice, Anticor a enfin retrouvé son agrément anticorruption. C'est par un simple arrêté que le 5 septembre 2024, Gabriel Attal a renouvelé

Inaction climatique : quand l'insuffisance entraîne la condamnation

24-09-2024

Nous assistons à la montée des eaux, à la fonte des glaces, à la multiplication des évènements météorologiques extrêmes, tandis que les espèces animales et végétales disparaissent

Relations avec l'administration : de nouvelles simplifications pour les OSBL

17-09-2024

Un OSBL est un Organisme Sans But Lucratif, connu également sous le sigle OBNL pour Organisme à But Non Lucratif. Il existe de nombreuses formes d'organisations à but non

Découvrir 10 autres articles
Un peu d'ESS dans nos associations

Et si on réinventait le système des subventions aux associations ?

19-11-2024

En septembre 2023, un collectif d'associations interpellait fermement la première ministre, Elisabeth Borne, avec un tonitruant "Le secteur associatif se meurt !". Au même

Quand la ruralité se réveillera

12-11-2024

Et si l'heure n'était plus à l'attentisme dans les territoires ruraux ? Les élus comme les acteurs associatifs ont lancé, il y a plusieurs années déjà, une solide réflexion autour

Le succès du service civique

05-11-2024

Alors que le SNU (Service National Universel) semble, à juste titre, vivre ses derniers jours, le Service Civique ne s'est jamais aussi bien porté. Créé par la loi du 10 mars

Quand un accord collectif est remis en cause

29-10-2024

La nullité des conventions et accords collectifs de travail reste un contentieux rare et assez récent, ce qui s'explique, en partie, par l'objet traditionnel de ces actes qui est

Fonds de dotation : les temps changent

22-10-2024

Le fonds de dotation est un organisme dit de "mécénat". Il est destiné à collecter des dons pour aider une structure à but non lucratif à réaliser une oeuvre ou une mission

Programmation 2021-2027 des fonds européens : place de l'ESS

15-10-2024

Tous les sept ans, l'UE révise la stratégie d'attribution des fonds européens pour répondre aux nouveaux défis de l'Union européenne ainsi qu'aux enjeux des territoires et des

Loi ESS : une décennie de transformations pour un anniversaire en demi-teinte

08-10-2024

2014 - 2024, la loi du 31 juillet 2014 relative à l'Économie Sociale et Solidaire, dite Loi ESS, fête ses 10 ans. Portée par Benoît Hamon, alors ministre délégué chargé de

L'économie sociale et solidaire dispose de son ministère

01-10-2024

On ne connaît pas exactement la durée de vie du gouvernement Barnier. En revanche, nous pouvons saluer le fait que l'économie sociale et solidaire (ESS) retrouve un portefeuille

La franchise sociale ou l'art de cultiver l'intérêt général

24-09-2024

La maîtrise de concepts comme l'utilité sociale, l'intérêt général ou encore l'utilité publique est absolument fondamentale pour le secteur associatif. Il est, à ce titre,

Financement d'une association : il faut utiliser les bons outils

17-09-2024

Les créateurs d'une association pensent souvent qu'il suffit de demander des subventions pour démarrer. Sans un premier bilan de ses actions à présenter, une association n'aura

Découvrir 10 autres articles
Abonnez-vous à Lettrasso+